No home / Yaa Gyasi

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Effia et Esi sont demi-sœurs. Elles ne le savent pas, ne se connaissent pas mais ont la même mère. Elles vivent au Ghana et vont chacune connaître une destinée bien différente. Effia sera marié à un Anglais. Elle partira vivre au fort de Cape Coast et découvrira que les marchandises ne sont pas toujours ce qu’elle croit être. De son côté, Esi sera capturée et vendue comme esclave pour les États-Unis. Ces deux femmes sont le point de départ de ce roman qui va dérouler le fil de ces familles en nous racontant l’histoire de chaque génération.

Avec une couverture aussi sublime et lumineuse, comment ne pas s’arrêter sur ce titre ! Charmée par la couverture puis séduite par le résumé, je ne pouvais pas passer à côté de No home. Et le roman fut clairement à la hauteur de mes espérances ! Je l’ai aimé tant pour la forme que le fond.

Yaa Gyasi prend d’abord le temps de nous parler d’Effia et Esi, qui seront à l’origine de tout. Puis elle prend le parti d’accorder un chapitre à chaque personnage. Les enfants et petits-enfants vont se succéder et avoir chacun leur place pour raconter leur histoire. J’ai beaucoup aimé avoir cette galerie de personnages qui traverse les années. Cela s’accorde très bien avec le travail de l’auteure autour du passé, surtout familial, et de l’héritage. L’écriture de Yaa Gyasi est très agréable, fluide et mélodieuse. On oscille entre une écriture moderne et des traditions chamaniques qui donnent beaucoup de caractère au texte. J’ai vraiment été emportée dans ce village d’Afrique et dans les champs de coton aux États-Unis.

Ce roman aborde tellement de thématiques que je ne peux tout vous détailler ! La famille bien sûr est au centre de tout : héritage que l’on intègre, qui devient une partie de nous ou, au contraire, que nous avons besoin de rejeter pour grandir. Chaque personnage a sa façon de l’appréhender. Yaa Gyasi nous parle aussi d’esclavage et vient brouiller les lignes parfois trop nettes que nous établissons entre opprimés et oppresseurs. Comme souvent dans les périodes difficiles, certaines personnes profitent de la situation, d’autres paient le prix fort et d’autres encore tentent de survivre comme elles le peuvent dans un environnement où la frontière entre le bien et le mal semble de plus en plus floue. Je ne vais pas vous écrire un roman à mon tour, Yaa Gyasi l’a très bien fait !, mais No home vous parle aussi d’exil, d’identité, de tolérance… Et bien que les thématiques soient très riches, je n’ai pas du tout eu la sensation qu’elles aient été survolées. Certaines sont plus présentes que d’autres mais toutes ont leur importance.

Je vous invite vraiment à découvrir ce très beau roman, sensible et puissant, qui vous emmène au cœur d’une famille aux prises avec l’Histoire. C’est intelligent, dépaysant, sensible et poétique. Bref, ne passez pas à côté !

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