Les âmes et les enfants d’abord / Isabelle Desesquelles

Les âmes

Nous côtoyons la misère au quotidien. Dans le métro, dans la rue, devant des magasins… Faisant la manche ou restant là, à chercher un peu de chaleur ou une ombre pour se protéger. On circule au milieu du malheur, sans vraiment y prêter attention, par habitude. Une femme va sortir de cette indifférence malgré elle. Face à une mendiante à Venise, elle va se prendre de plein fouet la réalité et la violence de cette misère. Suite à cette image, elle se questionne, notamment à propos de son fils pour qui la pauvreté est à hauteur des yeux.

La misère est à exacte hauteur des enfants. On vit avec. Avant même qu’ils ne sachent lire et écrire, ce que nous offrons à ceux que nous élevons, c’est la pauvreté à hauteur de leurs yeux. A bonne hauteur… elle ne le sera jamais.

C’est un roman très court qui m’a laissé une impression étrange. On peut s’identifier facilement aux questionnements de la narratrice dans la mesure où l’on réalise parfois que cette misère fait désormais partie du décor, que l’habitude a pris le pas sur la révolte. Pour autant, certaines réflexions ou réactions sont parfois violentes. Dans ces moments, il est difficile de s’identifier et rester en empathie, même si l’absence d’indulgence envers elle-même en fait justement un roman juste, vrai et sincère. L’éducation est aussi évoquée par l’auteur : « La misère est partout. Mais apprendre à nos enfants à vivre avec, n’est-ce pas là le crime originel ? ». Les remarques de son fils viennent apporter un peu d’innocence dans ce texte et cela donne une petite bulle nécessaire à la lecture. Un souffle de bonté qui nous donne envie de croire que tout n’est pas perdu. Même si le quotidien vient vite faucher ces pensées si pleines de bon sens des enfants, elles sont quand même présentes. En moins de 100 pages, l’auteure nous offre un roman qui fait réfléchir, qui vient nous bousculer dans notre confort et notre indifférence.

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